Tunisair : l’inaction qui cloue l’aviation tunisienne au sol

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Leith Lakhoua

Alors que nos voisins avancent à pas sûrs vers l’avenir, la Tunisie semble résolument attachée à une vision figée de son transport aérien. Dernière illustration en date : l’annonce par Royal Air Maroc (RAM) d’un projet d’envergure pour renouveler et élargir sa flotte. La compagnie marocaine est sur le point de conclure une commande colossale de près de 14 milliards de dollars, comprenant :





24 Boeing 787 Dreamliner pour ses vols long-courriers,
Jusqu’à 50 Boeing 737 pour les lignes court-courriers,
Environ 20 Airbus A220 pour les dessertes régionales.


Ce plan s’inscrit dans une stratégie claire et assumée du royaume chérifien : faire du Maroc un hub aérien de premier plan en Afrique de l’Ouest. Tout est pensé dans une logique de connectivité régionale, de compétitivité internationale et de rayonnement économique.



Et nous, en Tunisie ?

Du côté de Tunisair, c’est le silence radio. Aucun plan connu. Aucun signal fort. Aucune stratégie publique digne de ce nom. La compagnie nationale, autrefois fleuron régional, stagne dans une léthargie inquiétante, prise en étau entre une flotte vieillissante, des problèmes structurels chroniques et un immobilisme politique confondant.


Les années passent, les gouvernements se succèdent, les promesses s’accumulent, mais rien ne change vraiment. Pire, alors que le monde se réinvente autour de nous, Tunisair semble s’arc-bouter sur un modèle dépassé, sans anticipation ni ambition.


À qui incombe cette responsabilité ?

Il serait trop facile de la faire peser uniquement sur les directions successives de Tunisair. La responsabilité est collective et politique :

Aux ministères concernés qui n’ont pas su ou voulu bâtir une vision nationale de l’aviation civile.
À l’État actionnaire qui, au lieu de soutenir une réforme courageuse, a trop longtemps maintenu la compagnie sous perfusion sans réelle restructuration.
Aux partenaires sociaux, parfois arc-boutés sur des positions rigides, qui freinent toute évolution.
Et enfin, à l’élite politique, incapable de faire de l’aviation un levier stratégique pour le tourisme, le commerce et la diplomatie tunisienne.

Le contraste avec le Maroc est cruel. Tandis que Casablanca s’équipe pour devenir une plateforme aérienne moderne et ambitieuse, Tunis semble accepter une marginalisation progressive, y compris dans son propre espace géographique.


Il est encore temps d’agir.

Mais pour cela, il faut du courage politique, une vision long terme, et une volonté de rupture avec les habitudes du passé. La Tunisie a les compétences, les talents et la position géographique pour redevenir un acteur majeur du transport aérien en Méditerranée et en Afrique.

Encore faut-il s’en donner les moyens. Sinon, nous continuerons à regarder nos voisins décoller… pendant que nous restons cloués .



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