Essoltan,

J'ai bien parlé d'"exil". Alaya était en exil. Il a travaillé, vécu, ailleurs sans regarder derrière lui autrement qu'en reconnaissant que les sources de son travail étaient sa famille, son enfance. L'exil est un non-retour. La reconnaissance envers les siens est une non rupture avec ses origines, d'où sa volonté d'être enterré auprès des siens.

Je voudrait extraire du mot "vautour" précédemment écrit, deux personnes : Farida Khalfa et Naomi Campbel. Elles lui ont été proches, et lui furent fidèles en venant l'accompagner jusqu'à sa tombe la tête recouverte d'un voile par respect à la mort et à nos coutumes. C'était les seules personnes dont la présence n'était pas incongrue.

Oui, les fortunes arabes (sauf le roi Fayçal qui fut tué dès qu'il avait publiquement annoncé qu'il allait mettre tous les revenus de son pétrole au service de tous les pays arabes pour leur modernisation)) n'ont jamais apporté le Bien, avec un B majuscule, dans notre pauvre Monde arabe. Nos malades, nos enfants maltraités, nos peuples brisés par les guerres n'ont àleurs yeux aucune sorte d'importance, pourvu qu'on leu accroche des prix
nobel et des médailles. C'est une honte. Mais que vous et moi nous l'écrivions désormais va les obliger à changer. Car si riches sont-ils leur petites cervelles ne tournent que là où se trouve la flatterie, et les pays occidentaux excellent dans cette vile entreprise; flatter, flatter, flatter pour récolter l'argent qui n'est pas à eux. Nos reproches vont désormais faire contre-poids, faire s'interroger sur son pourquoi : un reproche = une
non-flatterie = alors corrigeons le tir pour obtenir la flatterie. C'est machiavélique de ma part d'écrire de telles choses, mais avec nos milliardaires dégénérés j'avoue n'avoir aucune honte. Nous avons trop longtemps été silencieux par excès de respect. Certaines très bonne choses dans notre éducation sont devenues des contraintes handicapantes. Le temps devait venir pour nous de faire le tri dans ces choses de notre éducation, et de
changer d'attitude.

Je vois chez les Chiites une tout autre attitude, comme celle de l'Agha Khan par exemple et sa fondation. Cela est une vrai attitude islamique : dépenser pour le bien-être et pour l'éducation des musulmans.

Bien cordialement à vous

Azzah

Azzah ,
J'ai beaucoup de respect pour vos profondes ÉMOTIONS , seulement je vous avoue sincèrement que j'ai aucune rancune contre Alaya ou autre personne mais juste je me pose la question pour savoir s'il a rendu un service pour la Tunisie ?
Pour un Géant de la mode , reconnu mondialement pour son génie artistique et qui a " jonglé " avec des millions de dollars il aurait laissé son empreinte dans l'histoire de la Tunisie .
La création d'un Musée regroupant ses œuvres , la création d'un petit complexe culturel s'occupant des enfants handicapés dans l'une des régions misérables de notre pays et j'en passe .
Cristiano Ronaldo aide bien les enfants de GAZZA et Dieu le sait combien d'Artistes ou de Sportifs qui aident et qui soutiennent des actions HUMANITAIRES .
Nos GÉNIES sont trop ÉGOÏSTES pour faire un geste pour la Tunisie . Ils claquent le fric à tort et à travers après ils cherchent à " SQUATTER " nos CIMETIÈRES pour un DODO éternel suivi des HOMMAGES HYPOCRITES ...
Excusez-moi car je me suis emballé , que nos " Génies Défunts " reposent en paix et que le COMPAGNON " Allemand " de Azzedine Alaya profite bien de sa fortune ...

Essoltan,

Alaya a été un homme simple, de génie certes, mais simple. Votre question, je crodi, il nous fuat la retourner contre notre pays.

Du vivant de Alay et malgré son grand succés qu'a-t-on vu depuis notre pays s'intéresser à ce que son nom et sa tunisisanité pouvait nous apporter ? Personne ne parlait de lui et encore moins de sa créativité qui, même si elle n'avait pas grand chose à voir ses origines, était tout de même particulière; il était plus sculpteur que couturier, plus auteur de costumes de scène que de vêtements de rue.

Alaya aurait pu être épaulé par notre ministère de la culture en tant que sculpteur, ou par celui de l'artisanat en tant que couturier.

Mais non, personne n'a daigné voir en lui un tunisien.

Son retour et son enterrement chez nous, à mon humble avis, nous a montré que malgré son exil il est resté tunisien, et malgré son homosexualité il s'est voulu musulman (il n'y a pas eu de drapeau sur son cercueil à l'entrée du cimetière mais autre chose de bien plus significatif - de plus il n' jamais milité auprès d'aucune association revendicative de quoi que ce soit à ce propos, un peu comme Jean Marais). C'est ce mouvement autour de
son enterrement qui a été grossier et grotesque, car combien alors sont venus se montrer aux camera, pavaner devant l'ambassadeur de France. Cette foule encombrait et le mort et sa famille plutôt qu'autre chose. C'était elle qui n'était pas à sa place ni dans le temps ni dans le lieu.

En Tunisie nos pseudo élites aiment s'auto-flatter autour de la mort de ceux qu'ils n'ont jamais considérés vivants. C'est dire quelles nullités nous avons.

Nous avons à Paris une autre grande personne qui a brillé par son génie artistique : Leila MENCHARI; personne ne la considère chez nous alors qu'elle a composé les plus belles vitrines parisiennes pour la maison Hermès. J'ai presqu'envie de dire que je souhaite qu'elle demande à être enterrée loin de nos vautours. Qu'elle me pardonne.

Sans arrières pensées , Azeddine Alaia qu'a-t-il fait pour la Tunisie à part nous présenter son compagnon Allemand lors de son enterrement au cimetière de la Marsa .