Titrisation des créances douteuses en Tunisie

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Moktar Lamari, Ph.D
Economics for Tunisia


La semaine dernière Fitch nous apprend que pour 2025 le système bancaire tunisien détient au moins 30 milliards de dinars de créances douteuses. Trop d’argents et de potentiels économiques sont ainsi exposés à une perte irréversible par dépréciation volontaire. On propose dans cette chronique la mise en place par la Banque centrale de Tunisie d’un mécanisme de titrisation. Des pays européens et pays comparables ont déjà adopté la titrisation. C’est quoi, et comment …




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La BCT fera ainsi d’une pierre deux coups: un, introduire une innovation radicale dans le marché de la dette, et deux, sauver et fructifier ces créances douteuses, avant qu’elles ne se « carbonisent » et se dégradent davantage. Cela fera plaisir aussi au président Kais Saeid qui n’arrête pas fustiger ces créances douteuses, alors que le pays s’endette à un rythme affolant.

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De quoi s’agit-il ?

La titrisation (securitization en anglais) est une opération d’ingénierie financière qui consiste à transformer des actifs, tels que des prêts bancaires ou des créances, en titres financiers négociables sur les marchés de capitaux. Ces titres sont ensuite vendus à des investisseurs, permettant à l'entité (la banque) qui les a émis de lever des fonds.

Un exemple : un hôtel de 800 lits, bien situé à Aghir-Djerba, à Boujaafar, ou à Hammamet, quasiment neuf, mais fermé depuis le COVID-19, son propriétaire ne peut plus honorer ses dettes à sa banque, n’a plus de liquidités requises pour payer ses employés et ses impôts. La créance douteuse porte sur 4 milliards de dinars, la BIAT peut récupérer 3 milliards grâce à la titrisation.

Gestion de risque et flexibilité

C’est la titrisation, opération délicate, complexe mais faisable, sur la base de collaboration et la confiance mutuelle des différents opérateurs : de la Banque centrale, jusqu’à la Banque commerciale en passant par les actionnaires, la direction des Impôts, entre autres.

Une banque, disons la BIAT, peut donc transformer ses créances douteuses en titres négociables sur les marchés. Pour ce faire, il faut que la Banque centrale crée ce type de marché et le réglemente par des balises institutionnelles dans l’intérêt de tous, dans une logique gagnant-gagnant.

L’approche se trouve à la croisée des chemins entre la gestion du risque bancaire et le financement par le marché. Les investisseurs peuvent être des citoyens qui s’organisent pour cofinancer le projet à relancer, par un système d’actionnariat et de cofinancements sans failles.

Mais, il faut aplanir des obstacles, dont les dettes fiscales non honorées envers l’État, les arriérés envers les caisses de retraites, et autres créanciers.

Que retenir de la titrisation ?

Inspirée des pratiques déjà rodées dans certaines économies avancées, la titrisation des créances douteuses consiste à regrouper des actifs bancaires non performants pour les convertir en titres financiers.

Ces derniers sont ensuite cédés à des investisseurs, libérant ainsi les banques de la charge de provisionner ces actifs à risque. L’objectif est double : renforcer la solidité du bilan des établissements de crédit et améliorer leur capacité à financer l’économie réelle.

Dans le contexte tunisien, où la part des créances en souffrance représente encore une source de vulnérabilité pour certains établissements bancaires (20 à 40 %), cette innovation financière est perçue comme une réponse structurelle à la fragilité de certains portefeuilles bancaires.

La Banque centrale doit envisager des dispositions encadrant le transfert automatique des créances douteuses vers structures de titrisation.

Fonds spécialisés pour sauver les actifs dépréciés

Elle pourrait également susciter l’intérêt d’un nouveau profil d’investisseurs, notamment des fonds spécialisés dans les actifs dépréciés ou à haut rendement.

La Banque centrale de Tunisie doit jouer un rôle catalyseur et d’impulsion dans cette dynamique, tout en veillant à une régulation rigoureuse du processus.

La gestion des créances non performantes est devenue un enjeu de soutenabilité pour les banques.

En d'autres termes, la titrisation permet de transformer des actifs peu liquides en instruments financiers plus faciles à échanger.

Mais, cela exige un changement de mentalité chez les hommes d’affaires. La titrisation exige aussi un minimum de confiance et de pédagogie pour faire greffer ce mécanisme nouveau dans le paysage des comportements et des modalités de gestion des risques.


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