Le professeur Tikki Ella Pangestu ancien fonctionnaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande que les fumeurs qui ne peuvent pas arrêter de fumer soient autorisés à utiliser des produits alternatifs du tabac afin de se débarrasser de cette addiction.

"Comme beaucoup d'autres interventions dans la vie quotidienne - ceintures de sécurité dans les voitures, casques de moto, échange sécurisé de seringues dans le cadre de la toxicomanie, pour n'en citer que quelques-unes – les produits alternatifs du tabac contribuent à réduire les effets nocifs du tabagisme sur la santé", a déclaré le professeur Tikki Ella Pangestu.

Selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) basés aux États-Unis, les fumeurs sont plus susceptibles que les non-fumeurs de développer des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des maladies pulmonaires, du diabète et des maladies pulmonaires obstructives chroniques. Le tabagisme augmente également le risque de tuberculose, de certaines maladies oculaires et de problèmes du système immunitaire, notamment la polyarthrite rhumatoïde.

Selon le CDC, le tabagisme multiplie par 2 à 4 le risque de maladie coronarienne et d'accident vasculaire cérébral. Le risque pour les hommes de développer un cancer du poumon s'ils fument est multiplié par 25, tandis qu'il est multiplié par 25,7 pour les femmes qui fument.

Les produits alternatifs du tabac peuvent atténuer les dommages causés en réduisant de 90 à 95% les toxines nocives libérées lorsqu'un fumeur allume et brûle une cigarette.

Les produits "heat-not-burn" nouvel arsenal anti-tabagique

Selon l'American Cancer Society (ACS), la fumée de tabac est composée de milliers de substances chimiques. Les plus courantes sont le cyanure d'hydrogène, le formaldéhyde, le plomb, l'arsenic, l'ammoniac, le benzène, le monoxyde de carbone,etc.

Les produits HTP, parfois appelés "heat-not-burn", utilisent généralement un élément chauffant électronique qui chauffe des bâtonnets, des bouchons ou des capsules spécialement conçus contenant du tabac. Le tabac ne devient pas assez chaud pour brûler.

Les cigarettes électroniques, ou e-cigarettes, sont des appareils à fumer alimentés par des piles. Elles sont dotées de cartouches remplies d'un liquide qui contient généralement de la nicotine, des arômes et des produits chimiques. Le liquide est chauffé pour produire une vapeur que la personne inhale. C'est pourquoi l'utilisation des e-cigarettes est appelée "vapotage".

Aux États-Unis, certains produits de vapotage et les HTP ont déjà été approuvés par la Food and Drug Administration (FDA), qui a autorisé la commercialisation de ces produits.


"Par le biais du processus de demande d'autorisation pour les produits du tabac à risque modifié, la FDA vise à garantir que les informations destinées aux consommateurs concernant la réduction du risque ou de l'exposition à un produit du tabac sont étayées par des preuves scientifiques et compréhensibles", a déclaré Mitch Zeller, J.D., directeur du Centre pour les produits du tabac de la FDA.

Les données soumises par les entreprises à la FDA "montrent que la commercialisation de ces produits particuliers avec les informations autorisées pourrait aider les fumeurs adultes dépendants à abandonner les cigarettes avec combustion et à réduire leur exposition aux produits chimiques nocifs, mais seulement s'ils changent complètement de produit", a ajouté Mitch Zeller.

Le professeur Pangestu et le Dr Rafael R. Castillo qualifient ce concept consistant à aider les fumeurs à arrêter de fumer en leur permettant d'utiliser des PTA de réduction des méfaits du tabac (THR).

"La THR est une stratégie visant à atténuer le risque sanitaire chez les fumeurs qui utilisent des cigarettes classiques", explique le Dr Castillo, cardiologue et professeur en médecine cardiovasculaire. "Le sevrage tabagique complet reste l'objectif premier, mais comme il ne peut être atteint chez la bien plus grande majorité des fumeurs, notamment les récalcitrants, il faut leur proposer une alternative pragmatique intermédiaire."

Le professeur Pangestu ajoute « Au Royaume-Uni par exemple, on estime qu'entre 20 000 et 30 000 fumeurs arrêtent de fumer chaque année lorsqu'ils passent aux e-cigarettes. Dans les pays où ces produits sont disponibles, les ventes de cigarettes sont en baisse ».

"D'après les études disponibles, la quantité de substances toxiques que reçoit un fumeur est jusqu'à 95 % inférieure à celle de la cigarette", rapporte-t-il.

Pour obtenir des informations de première main, le Dr Castillo et son groupe de recherche de l'Unité de recherche cardio-métabolique (CaMeRU) de la FAME Leaders Academy ont effectué deux examens systématiques et des méta-analyses.

"(Notre étude a montré) qu'il y a une amélioration de certains paramètres des facteurs de risque cardiovasculaire, comme une moindre augmentation de la fréquence cardiaque, une augmentation des lipoprotéines de haute densité (bon cholestérol) et une moindre constriction des artères", explique le Dr Castillo. "Une autre étude a également montré une réduction significative des éléments nocifs communément obtenus par le tabagisme conventionnel."

Malheureusement, il n'existe pas encore de données prouvant que les HTP pourraient aider les fumeurs à arrêter de fumer - car les études nécessitent une période de temps plus longue pour être menées. Mais sur la base de techniques de modélisation et compte tenu des effets bénéfiques des produits alternatifs du tabac, le Dr Castillo pense que "des millions de personnes arrêteront de fumer des cigarettes et que des dizaines de milliers de vies seront sauvées chaque année grâce à la réduction des complications liées au tabagisme."

Récemment, le Sénat philippin a adopté un projet de loi qui légaliserait et réglementerait le vaping et les produits alternatifs du tabac. La loi sur la réglementation des produits de nicotine vaporisés (SB 2239) a été approuvée par 19 voix contre 2, avec l'abstention de deux sénateurs.

Tous ces développements récents sont pris en considération par le professeur Pangestu et le docteur Castillo.

"Ces réglementations sont absolument nécessaires pour faciliter une utilisation plus large et un accès à ces produits pour les fumeurs qui veulent arrêter de fumer", a déclaré le professeur Pangestu.

"La réglementation par la législation est cruciale pour s'assurer que l'utilisation des produits alternatifs du tabac profite à la santé publique", déclare le Dr Castillo, ajoutant que les infractions doivent être clairement définies et que des sanctions correspondantes doivent être prévues. La sous-réglementation et la surréglementation ne seront pas bonnes, ajoute-t-il.

Le professeur Pangestu a déclaré que les produits alternatifs du tabac devraient être promues parallèlement à d'autres options. "Nous devons considérer les produits alternatifs du tabac comme un complément aux autres options disponibles telles que l'éducation, les lignes d'aide à l'arrêt du tabac, les conseils et l'éducation et les thérapies de remplacement de la nicotine (comme les patchs à la nicotine, la gomme et les sprays nasaux, entre autres)."

"Il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer", réitère le Dr Castillo. "Certains avantages comme une respiration plus libre, moins d'essoufflement et moins de fréquences cardiaques rapides et d'augmentation de la pression artérielle à l'effort peuvent être obtenus en quelques jours ou quelques semaines après l'arrêt."

D'autres changements dans le cœur, les poumons et les artères, dit-il, peuvent prendre plus de temps pour s'améliorer, mais au moins la détérioration est déjà ralentie.

"Chez certains fumeurs de longue date, il peut y avoir des dommages permanents qui ne sont plus réversibles, mais le risque de développer ultérieurement des complications comme un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque est considérablement réduit après l'arrêt de la cigarette", assure le Dr Castillo.