Fitch reproche aux banques tunisiennes leur grande opacité et injustifiable tolérance aux risques

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Par Moktar Lamari, Ph.D
Economics for Tunisia, E4T



Les banques tunisiennes sous la loupe de Fitch! Dans 63 pages, Fitch a dressé un portrait global et détaillé du secteur bancaire tunisien. Ce Tunisia Banking report est sorti cette semaine, pour faire le point ce 3eme trimestre 2025. Nous avons publié 2 chroniques à ce sujet.




La présente, 3eme, porte sur une synthèse macro, du secteur bancaire : ses forces, limites et menaces qui le guettent. Cette synthèse se fait 17 points de forme, et reste fondamentalement constituée d’extraits du Banking Report, après traduction.

Fort ralentissement des actifs

1- La croissance des actifs bancaires ralentira, passant de 8,2 % en glissement annuel à la fin de 2024 à 6,3 % d'ici la fin de 2025. Le ralentissement de la croissance des actifs sera dû à un ralentissement de la croissance du crédit, où le ratio prêts/actifs s'établit à 82,5 % en mars 2025.

Les actifs bancaires (une trentaine) frôlent les 110% du PIB annuel.

2- La croissance du crédit ralentira, passant de 7,3 % en glissement annuel à la fin de 2024 à 5,9 % à la fin de 2025, en raison de l'impact indirect des tensions commerciales qui dissuade les entreprises de contracter des prêts pour des investissements commerciaux.

3- La croissance des dépôts ralentira de 9,6 % à la fin de 2024 à 6,6 % d'ici la fin de 2025 en raison de la baisse des taux d'intérêt et de l'impact indirect des droits de douane américains sur l'économie tunisienne.

Tolérance aux risques

4- La récente législation sur le secteur financier, la baisse des taux d'intérêt et l'augmentation de l'impôt sur les sociétés sur les bénéfices des banques tunisiennes pèsent sur la rentabilité, l'impact variant d'une banque à l'autre en fonction de leur solidité financière.

5- La Tunisie affiche un ratio prêts/dépôts (LDR) très élevé à 158,5 % en mars 2025 (dernières données disponibles) et bien que nous prévoyions qu'il tombera à 153,4 % d'ici la fin de l'année 2025, ce ratio reste élevé, notamment par rapport aux pairs régionaux.

6- Un LDR anormalement élevé suggère que les banques surendettent leur base de financement pour accorder du crédit et pourrait entraîner des problèmes de liquidité à l'avenir.

7- Le ralentissement de la croissance économique pèse sur la capacité des débiteurs à rembourser leurs prêts et entraîne probablement une nouvelle détérioration de la qualité des prêts et solvabilité liée.

8- Les banques tunisiennes affichent des ratios de prêts non performants (NPL) très élevés, trois des sept premières banques ayant des ratios de NPL supérieurs à 13 %. La mauvaise qualité des prêts signifie que la rentabilité des banques en souffrira probablement et qu'elles devront peut-être mettre de côté des fonds supplémentaires pour les provisions.

Opacité et faible réactivité

9- Les plus grandes banques tunisiennes ne déclarent pas leurs ratios d'adéquation des fonds propres, ce qui signifie qu'un élément clé de la solidité financière n'est pas déclaré et qu'il est difficile de suivre leur stabilité financière. Cette situation est particulièrement préoccupante compte tenu des niveaux élevés de surendettement dans le secteur.

10- Le chômage en Tunisie reste nettement plus élevé que dans d'autres marchés d'Afrique du Nord, et le fléau est hors de contrôle des politiques publiques. Ceci augmente les risques bancaires entraînant une augmentation des taux de prêts non performants, des transactions frauduleuses ou couteuses pour être bancables.

11- Le secteur bancaire tunisien affiche un ratio prêts/dépôts très élevé, ce qui suggère un niveau élevé de surendettement des banques. Le secteur bancaire est donc exposé au risque d'une crise de liquidité, dont les symptômes commencent par se manifester, notamment quand les banques demandent un délai pour mobiliser des grosses sommes à retirer aux guichets.

12- Des conditions météorologiques défavorables persistantes pèseraient sur la production agricole, ce qui ferait grimper les risques de défaut des débiteurs tunisiens risque et amplifie les vulnérabilités du secteur bancaire aux aléas des changements climatiques.

13- La croissance des prêts au secteur privé continuera de dépendre du maintien d'un environnement de sécurité stable pour les affaires et d'une réduction des pressions et actions syndicales menées par les syndicats locaux.

14- En raison d'un déficit budgétaire élevé, le gouvernement tunisien dépend des banques nationales pour son financement. La contagion dans les risques est donc systémique. Les banques sont de plus en plus exposées au risque souverain (doomloping) et peuvent affecter leur capacité à accorder des crédits au secteur privé en raison des effets d'éviction.

15- Comme il se présente, le système bancaire tunisien ne procure pas suffisamment de confiance aux expatriés (travailleurs tunisiens à l’étranger) et encore moins aux investisseurs étrangers. La resistance aux réformes du secteur bancaire bloque l’accès aux financements issus de sources bilatérales et multilatérales.

16- Bien que la capacité de banque numérique de la Tunisie soit encore en développement, les investissements dans les infrastructures digitales suggèrent qu'il y aura de plus en plus d'opportunités pour l'argent mobile à moyen terme. Ces investissements tardent à venir.

17- L'extension des services financiers aux populations mal desservies peut améliorer la pénétration bancaire et l'inclusion financière. Plus de 60% des personnes en age actif n’ont pas accès à un compte bancaire. A statut social égal, les femmes sont deux fois plus exposées à l’exclusion bancaire, que les hommes.



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