Pénuries chroniques mondiales de produits céréaliers en 2023 et la Tunisie ne ferait pas l’exception.

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Farouk Ben Ammar, PhD



Une Crise Mondiale Alimentaire qui Pointe du Nez




La Crise Globale Alimentaire ne cesse de s’intensifier et de prendre de l’ampleur, et les choses seraient pires tout le long de l’année 2023.

En effet la production européenne d’engrais s’est vue réduite de plus de 70% suite à la fermeture de plusieurs sites de production, et les nations pauvres se débattent avec le problème de devises étrangères (USD) pour pouvoir importer des produits alimentaires pour nourrir les populations.


La guerre en Ukraine a largement contribué à la réduction d’exportation de produits agricoles et d’engrais et ça risque de durer pour quelque temps puisqu’on n’entrevoie aucune issue de la guerre ni au court terme ni au moyen terme.

Une déflagration est en vue concernant la production mondiale de produits alimentaires et céréaliers qui empirerait dans les mois à venir.

Il est évident que le monde est au bord d’une grave crise alimentaire qui pourrait amener plus de populations à mourir de faim.

Le 16 Octobre 2022, Journée Mondiale de l’Alimentation (JMA), le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unis (PAM), a lancé l’alerte pour traiter d’urgence les sources et causes de la crise alimentaire actuelle.


Une Spirale Explosive : Pas de Gaz, Pas d’Engrais, Moins de Blé

Quand les prix du Gaz Naturel avaient atteint des niveaux stratosphériques, plusieurs usines de production d’engrais ont fermé les portes, particulièrement au Royaume Uni, un important producteur et exportateur de blé .


Aussi, au Norvège, le pays ou l’enfant est roi, "YARA" un grand producteur d’engrais a déjà réduit sa production de plus de 60% dans toutes ses usines d’Europe, toujours à cause des prix de l’énergie (Gaz Naturel).

Les coûts de production sont de l’ordre de 2 000 USD par tonne pour un prix de vente de 800 USD. La même tonne couterait 200 USD aux USA et seulement 100 USD en Russie qui défie toute concurrence .


Et d’ajouter, l’Association Européenne des Mélangeurs d'Engrais annonça une réduction de plus de 70% de la production d’engrais suite à la montée vertigineuse des prix du gaz naturel .


Par voie de conséquence, la production de blé pourrait accuser une réduction de l’ordre de 40%, ce qui est cataclysmique, puisque la moitié de la population mondiale, en particulier celle des pays pauvre, ne pourrait pas se nourrir !


Réduction de la Production Mondiale de Blé

La production mondiale de blé serait réduite cette année, à part la Chine, mais une plus forte consommation dans ce pays asiatique surpeuplé, réduirait ses stocks de 7% par rapport à 2021.

La Russie, le Canada et les USA envisagent d’augmenter leur production de blé, une augmentation ombragée par de moindres récoltes en Ukraine, ainsi que dans les pays de l’Union Européenne, l’Argentine et l’Australie.

Selon des prévisions, aux USA la production connaitrait une augmentation de 8%, mais les stocks stratégiques seront au plus bas depuis 10 ans suite à une augmentation des exportations. Le Canada aussi mais en moindres proportions.

Quant aux pays de l’UE, les récoltes de blé enregistreraient une baise de 4.5%, avec la France, le plus grand producteur européen, faisant face à la plus grande sècheresse de son histoire depuis 19 ans au moins.

En Australie, la récolte de blé est prévue d’être réduite de 9% par rapport à l’année 2021.

En Inde une vague de chaleur est estimé avoir réduit les récoltes de 6%, ramenant son stock stratégique à son plus bas niveau depuis 2016.

En Amérique du Sud, des sécheresses sévères ont largement affecté les récoltes de blé et particulièrement en Argentine grand producteur de viande bovine .


…Les exportations mondiales de blé nourrissent principalement l’Afrique et le Moyen-Orient. Citons l’Égypte en exemple, principal client des géants mondiaux du blé. En effet, ce pays achète 32.1% du blé exporté depuis la Russie et 26% du blé provenant d’Ukraine.
Ainsi, l’Afrique et le Moyen-Orient sont actuellement les régions les plus menacées par la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Toutefois, d’autres pays le sont également, ceux-ci se trouvant principalement en Asie (Bangladesh ou Pakistan) et en Europe (Espagne, Grèce et Italie)…
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Cas de la Tunisie

En 2020, la Tunisie a importé pour 467 Millions USD de blé, un montant stratosphérique, la plaçant dans la 30ème position dans le palmarès des plus grands importateurs de blé au monde !

Durant la même année, le blé est le 3ème produit le plus importé en Tunisie.
La Tunisie importa du blé principalement de 5 pays :
• L’Ukraine : 194 Millions USD ;
• La Canada : 91.3 Millions USD ;
• L’Espagne : 79.2 Millions USD ;
• La Russie : 24 Millions USD ; et
• La Bulgarie : 20.8 Millions USD.

Les marchés d’importation de blé pour la Tunisie qui ont connu le plus de croissance entre 2019 et 2022 sont :
• Le Canada : 46.1 Millions USD ;
• L’Espagne : 43.4 Millions USD ; et
• La Russie: 7.7 Million USD.


L’Effet Néfaste de l’Envolée Vertigineuse du Dollar USD sur les Importations

Suite aux augmentations successives des taux d’intérêts par la Reserve Fédérale des USA, pour juguler une inflation qui paralyse son économie, le Dollar USD a connu une envolée qui ne semble pas perdre son élan, ce qui donne des soucis de taille aux pays pauvres, comme la Tunisie, qui importent leur nourriture essentiellement des céréales.

A titre d’exemple, des milliers de containers pleins de nourriture s’entassent dans les ports du Pakistan.

Les boulangeries privées en Egypte ont majoré le prix des pains après que les minoteries sont à court de farine. De la farine bloquée par les services Douaniers pour non-paiement, comme ça a été le cas en Tunisie…mais là, c’est l’Etat qui n’a pas honoré ses engagements !

Partout dans le monde, les pays qui dépendent sur l’importation pour nourrir leurs populations se débattent et s’enlisent dans un bourbier financier suite à une malicieuse combinaison de taux d’intérêts élevés, un dollar USD qui flambe et des prix élevés des produits alimentaires, ce qui érode leur capacité de payer.

Des réserves de devises qui s’amenuisent réduisant l’accès au Dollar USA, et des banques qui rechignent à autoriser les paiements.

Quand la valeur du Dollar USD s’envole, les pays pauvres doivent payer beaucoup plus pour leur nourriture par leurs monnaies nationales.


Epilogue

Il est de plus en plus évident que les prêts accordés par les Bailleurs de Fonds, seraient déployés pour nourrir une population vampirisée par une inflation galopante, aggravée par une stagnation de la croissance et un chômage qui est devenu structurel.

Suivre l’exemple des USA en révisant, toujours à la hausse, les taux d’intérêt, ne ferait que plonger le pays dans les abysses d’un marasme économique des plus graves affectant tous les secteurs d’activités, je citerais en particulier le secteur du bâtiment.

Puise le Tout-puissant présider à la destinée de la Tunisie.




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