Un Afro-québécois publie un livre au vitriol sur l'échec de l'intégration au Québec

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APA - Montréal (Canada) Un politologue québécois d’origine tchadienne, Derlemari Nebardoum, installé au Canada depuis vingt ans, vient de publier un livre au titre décapant : « Québec : la société hypocrite ou la misère de l’immigration ».

Publié aux éditions Grenier, le livre, que APA a parcouru, est un violent réquisitoire de l’échec de l’intégration des immigrés africains.





Ces derniers sont « doublement victimes » de discrimination raciale et de l’inadéquation de la politique de l’immigration mise en place depuis des lustres par les différents gouvernements du Québec, province francophone du Canada.

En se fondant sur des données empiriques répandues et les résultats de ses recherches universitaires, M. Nebardoum nomme les maux de cette société québécoise, dite "multiculturelle".

Les Noirs, écrit-il, « subissent la violence raciste dans l’administration, le métro et dans la vie quotidienne. Elle n’a pas pris les formes connues dans les villes européennes et américaines mais, globalement, le racisme au Québec n’en est pas moins opérant.

Les analystes sont d’accord : le Québec ne peut pas se passer des immigrés. Avec un taux d’accroissement naturel de la population le plus bas au monde (1,3 %), la Belle Province doit compter sur l’immigration pour « espérer porter sa croissance démographique au seuil des 2,1 % qui est, selon les démographes, le taux d’accroissement minimum de perpétuation d’une population.

En deçà de ce seuil fatidique, toute population péricliterait vers son extinction », analyse le politologue.

Il emboîte ainsi le pas à l’intellectuel québécois Jacques Godbout qui a prédit dans une tribune parue dans l’Hebdomadaire l’Actualité, la « disparition » du Québec en 2076 du fait du vieillissement de sa population.

Une prédiction basée sur la réalité : depuis près de trois décennies, le Québec n’assure plus le renouvellement des générations. Citant dans son ouvrage une récente étude démographique, Nebardoum Derlemari, note que « l’indice synthétique de fécondité, qui devrait se situer à environ de 2,1 % enfants par femme pour assurer ce renouvellement est descendu aussi bas que 1,35 au cours des dernières années.

Avec quatre ou cinq enfants par foyer, les familles africaines apparaissent plus prolifiques que la moyenne des ménages familiaux québécois qui se limitent à un ou deux enfants.

Entre 1988 et 1995, 45 % des immigrants sélectionnés par le Québec étaient des investisseurs qui ont injecté 786 millions dans l’économie de la province.

Selon lui, l’immigrant n’est pas un « maudit noir » venu pour « voler le travail » des Québécois blancs qui les perçoivent comme des « minorités visibles ».

Si certains ont réussi à se faire un petit trou, l’écrasante majorité des néo-Québécois d’origine africaine souffrent d’un sous emploi chronique.

« Outre le fait d’exiger des immigrants africains une expérience québécoise ou canadienne dès la première demande d’emploi, ce qu’ils n’ont pas, il y a chez les employeurs des préjugés insidieux qui accordent de façon doctrinaire une valeur moindre à toute compétence d’origine extérieure, surtout le Tiers-Monde », constate, amer, l’auteur tchado-québécois.

Pour Nebardoum, les immigrés africains sont plus instruits que certains employeurs, ajoutant qu’on « ne les recrute pas à cause de quelques incapacités, mais bien parce qu’ils sont noirs ou jaunes ».

Ingénieurs, architectes, chirurgiens, médecins, privés de travail dans leur domaine, se trouvent « convertis au sciage de bois, ou à la vente de saucisson, ce qui atteste de l’échec patent de l’immigration », proteste le politologue, qui veut fouetter les opinions et, à travers son ouvrage, susciter le débat.

Cette « discrimination systémique », selon l’écrivain, est présente dans le marché du logement, poussant de nombreux Africains à migrer vers les quartiers où ils sont mieux acceptés.

Cruelle désillusion pour ces Africains qui rêvaient d’une intégration réussie au Québec vanté comme une « société d’accueil ».

L’Etat québécois devrait remettre en cause ses « propres structures et politiques initialement conçues pour les nationaux » et inverser la tendance en favorisant, préconise Nebardoum, une intégration équitable dans un « Québec moderne qui ne peut guère évoluer en autarcie puritaine ».


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