Tunisie: Les pharmacies hospitalo-universitaires - un secteur en pleine « souffrance »

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Habituellement, on parle d’un secteur en pleine évolution ou en pleine croissance mais le terme de souffrance est, certes, le terme le plus approprié qui caractérise la situation que sont en train d’endurer les pharmaciens hospitalo-universitaires devant le déclassement des pharmacies de certains centres hospitalo-universitaires tels que « La Rabta » et « Le centre des brûlés » de Ben Arous.

(www.sante-tn.com)






Ces pharmacies sont ainsi ramenées de l’échelon universitaire à celui de sanitaire, c’est ce qui définit le déclassement de ces structures.
L’équipe de sante-tn a, pour la cause, contacté Mme Souad Sfar, la doyenne de la faculté de pharmacie de Monastir qui a accepté de nous fournir de plus amples détails concernant ce sujet.
Mme S.S a commencé par expliquer les progrès réalisés depuis plus d’une dizaine d’années dans la formation des pharmaciens en disant « Depuis 1999, la Faculté de Pharmacie de Monastir s’est donnée pour mission d’établir une réforme de spécialisation : à côté de la biologie médicale une nouvelle filière a vu le jour, il s’agit de la pharmacie industrielle et hospitalière(PHI). Une spécialisation qui, bien entendu, répond dans le secteur hospitalo-universitaire au cursus : résidanat, assistanat et agrégation. Le premier concours de résidanat en pharmacie sous sa nouvelle forme a eu lieu en décembre 2000.
La pharmacie industrielle et hospitalière a pour principal objectif le développement et la promotion de la pharmacie de l’hôpital. Car jusqu’à une récente période, le pharmacien a toujours eu à gérer et à délivrer les médicaments sans pour autant être impliqué dans la prise en charge du patient alors qu’en réalité, ce pharmacien constitue un maillon fort et indispensable dans cette prise en charge.

Pa conséquent, parmi les activités qu’il était nécessaire et urgent de développer, le concept de pharmacie clinique en était le premier. Le pharmacien se devait d’être plus actif, plus présent, plus proche de l’équipe de soins et du patient et d’avoir un regard sur le traitement.
Le pharmacien clinicien permettrait, en outre, de rationaliser le circuit du médicament et d’éviter les pertes inestimables de produits médicamenteux dans les services cliniques. Il a, également, comme tâche de reconstituer les médicaments pour éviter le risque de survenue d’erreurs médicamenteuses et d’iatrogénicité. Notre but repose sur un principe :
« Le bon médicament avec le bon dosage pour le bon patient et au bon moment ».
Mme S.S a également précisé qu’en dehors de la pharmacie clinique, d’autres activités étaient en cours d’accroissement comme la stérilisation, qui doit être une fonction propre aux pharmaciens, l’alimentation parentérale ainsi que le contrôle de la qualité de l’eau à l’hôpital…
Et à Mme S.S d’ajouter que « Pour atteindre ces objectifs, il fallait donc s’orienter pour la formation de pharmaciens spécialistes. Effectivement, cette idée avait commencé à prendre forme à partir de 2006 avec le premier concours d’assistanat en PHI à côté de cela beaucoup de confrères hospitaliers y avaient adhéré et ont pu accéder au titre de pharmaciens spécialistes avec le soutien de la faculté qui leur a permis de bénéficier de stages à l’étranger et de formations diplômantes
Nos résidents en pharmacie avaient été étroitement encadrés par nos confrères hospitaliers.
Ceci dit, dans les centres hospitalo-universitaires, les pharmaciens dits, hospitalo-sanitaires et n’ayant pas de grade universitaire (assistant ou agrégé), continuent d’exercer. Il fallait donc trouver la bonne formule pour permettre à ces pharmaciens de continuer à évoluer et à intégrer la carrière hospitalo-universitaire. Le décret de 2005 organisant les carrières pharmaceutiques hospitalo-universitaires prévoit des mesures transitoires permettant aux hospitalo-sanitaires d’accéder au grade d’assistants hospitalo-universitaires mais seuls les pharmaciens militaires avaient bénéficié de ces mesures.
En 2009 et après concertation avec les confrères hospitalo-sanitaires, la faculté a présenté un projet modifiant le décret de 2005 au niveau des mesures transitoires permettant aux pharmaciens de la santé publique de se présenter au concours d’agrégation mais cette proposition a été bloquée par le ministère de la santé qui s’est opposé à cette « réactualisation » en avançant comme argument, l’impossibilité d’introduire de nouvelles mesures transitoires, 4 ans après la parution du texte ».
Mme S.S a ajouté « qu’en 2011 et 2012, on a encore une fois posé le problème avec les ministres de la santé publique car ça urgeait de trouver une solution pour les pharmaciens hospitalo-sanitaires « chefs de service par intérim » des pharmacies des centres hospitalo-universitaires devant la progression, l’évolution et le nombre croissant, quoique encore limité, des pharmaciens hospitalo-universitaires. Une solution imminente et radicale devenait impérative d’autant plus que certains pharmaciens de la santé publique méritaient de passer le concours d’agrégation.
Mais la surprise était de taille quant on avait appris le déclassement de certaines pharmacies afin que les pharmaciens hospitalo-sanitaires qui y travaillent deviennent « légalement » chefs de service ».
En se tournant vers le ministère de la santé en vue d’explications pour cette situation qualifiée d « ‘aberrante », Mme S.S a rapporté qu’on lui a répondu que c’était des mesures « transitoires » pour permettre la nomination officielle de ces chefs de service et qu’un reclassement est prévu par la suite.
Qu’en est-il du statut des assistants hospitalo-universitaires qui travaillent dans ces pharmacies ?
Pourquoi préfère-t-on tirer vers le bas et rétrograder le niveau de la pharmacie hospitalière en Tunisie alors qu’on a la chance d’avoir du personnel prêt à combattre pour avancer et progresser ? (Hospitalo-sanitaires et hospitalo-universitaires)
Pourquoi opte-t-on toujours pour des dénouements transitoires, de courte durée et jamais pour des solutions radicales et fondamentales ?
Autant de questions, jusque là sans réponses, que le corps pharmaceutique universitaire en colère et perplexe se pose. D’ailleurs, Mme la doyenne de la faculté de pharmacie de Monastir nous a dit qu’elle attend toujours la réponse du ministère de la santé en vue d’un dialogue qu’elle espère fructueux et productif.
Il est bien connu que les professionnels de la santé sont réputés pour être endurants, calmes et patients mais jusqu’où irait cette patience…

Entretien conduit par E.K.L







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