Tunisie: Me Faouzi Ben Mrad dévoile des ''informations graves'' sur les parties impliquées dans l'assassinat de Chokri Belaïd

L'avocat Faouzi Ben Mrad, porte-parole du collectif de défense commis par le Conseil de l'ordre des avocats pour représenter les intérêts des héritiers de l'homme politique et juriste Chokri Belaïd, assassiné le 6 février, a déclaré être en possession d'"informations graves" puisées auprès de témoins et selon lesquelles un individu originaire de Kasserine aurait introduit en Tunisie trois Algériens le jour même ou la veille de l'assassinat de Chokri Belaïd (6 février) et les aurait exfiltrés le jour même du drame, selon ses dires.
Me Ben Mrad s'exprimait lors d'une conférence de presse du collectif de défense des héritiers de Chokri Belaïd, à la Maison de l'avocat, à Tunis. Il a dit "assumer personnellement la responsabilité de ses propos, à l'exclusion de toute autre partie, pas même le collectif de défense de Chokri Belaïd". Il réagissait ainsi à une tentative de plusieurs membres du collectif de le dissuader de faire de telles révélations au motif qu'elle violeraient le principe du secret de l'instruction.

Me Ben Mrad s'exprimait lors d'une conférence de presse du collectif de défense des héritiers de Chokri Belaïd, à la Maison de l'avocat, à Tunis. Il a dit "assumer personnellement la responsabilité de ses propos, à l'exclusion de toute autre partie, pas même le collectif de défense de Chokri Belaïd". Il réagissait ainsi à une tentative de plusieurs membres du collectif de le dissuader de faire de telles révélations au motif qu'elle violeraient le principe du secret de l'instruction.

Me Ben Mrad a persisté à dire être "en possession d'informations précises et graves" dont il n'a pas été en mesure de débattre avec ses confrères au motif que ses téléphones étaient sur écoute. Il a également indiqué qu'en tant que porte-parole du collectif de défense de Chokri Belaïd, il reçoit régulièrement des communications de certaines parties désireuses de lui livrer des confidences. "Une de ces personnes a pris contact avec moi un soir, sur mon téléphone, et demandé à me voir pour me donner des informations qu'elle a affirmé ne pas pouvoir évoquer par téléphone, c'est pourquoi je me suis rendu auprès d'elle en voiture", a-t-il précisé. "Les renseignements que la source m'a fournis étaient nouveaux et jamais évoqués dans les médias", a-t-il ajouté, assurant avoir immédiatement donné du crédit à la version de son interlocuteur, à savoir qu"un Tunisien avait, le jour même ou la veille de l'assassinat de Chokri Belaïd introduit sur le territoire trois Algériens, du côté de Kasserine, avant de les raccompagner à travers le même point frontalier le jour de l'assassinat". Me Ben Mrad a également révélé que le témoin détient d'autres preuves et qu'il a demandé au juge d'instruction de procéder à l'audition du principal témoin mais que le magistrat avait exigé une demande écrite à cet effet et refusé de verser au dossier des renseignements contenus sur une puce de GSM, posant comme condition de les faire graver sur CD.
S'agissant de la partie politique qui serait derrière l'assassinat, Me Ben Mrad a indiqué que la réponse se trouve dans les médias, alors que la responsabilité pénale du crime d'assassinat n'a pas encore été établie, dans la mesure où "le meurtrier était un simple exécutant".
Le bâtonnier Chawki Tabib avait, auparavant, exprimé la confiance du collectif que la justice tunisienne mettra tout en oeuvre pour arrêter les exécutants de ce crime et les juger selon les lois en vigueur, émettant l'espoir que la justice relèvera le défi auquel elle est aujourd'hui confrontée, afin que cette étape constitue un tournant historique. Il a appelé à mettre en oeuvre tous les moyens disponibles afin de parfaire la coopération entre les services de sécurité et les services judiciaires pour l'arrestation des assassins.
Mokhtar Trifi, membre du comité de défense et ancien président de la ligue tunisienne des droits de l'Homme, a pour sa part souligné que Faouzi Ben Mrad était intervenu à titre personnel, précisant que "l'instruction au pénal a ses normes et nous sommes, en tant qu'avocats, tenus au secret professionnel". Contrairement à ce qui a été exprimé par Me Ben Mrad, a-t-il ajouté, le groupe de défense accorde tout le crédit à l'action du juge d'instruction à qui a été confiée le dossier.
De ce fait, a-t-il conclu, il est impératif que les investigations se poursuivent dans le secret afin de protéger l'instruction ainsi que toute personne ayant fait des dépositions et toutes les parties impliquées dans ce dossier".
Les collectifs d'avocats dans tous les pays du monde, a-t-il par ailleurs précisé, ont exprimé leur solidarité avec le comité de défense des héritiers et du parti de Chokri Belaïd, annonçant la formation d'un groupe international constitué de juristes et de personnalités arabes et autres, ayant leurs poids et prêts à apporter le soutien nécessaire au comité de défense de Chokri Belaïd "afin que justice soit faite".
Mokhtar Trifi a également expliqué qu'en cas de retard dans l'instruction et de non aboutissement des investigations, une action sera entamée à l'échelle internationale et au niveau des organisations mondiales opérant dans le domaine des droits de l'homme.
De son côté, Abdessattar Ben Moussa, président de la ligue nationale des droits de l'homme a annoncé que des tractations et des contacts sont en cours avec des instances et organisations mondiales, ajoutant qu'il ne s'agit nullement d'internationaliser le dossier, mais de mobiliser les avocats, dans toutes les régions du monde, afin qu'ils soutiennent le collectif de défense.
Pour sa part, le représentant de l'UGTT, Mohamed Sehimi, a déclaré que, selon lui, "la révélation de la vérité dans l'assassinat de Chokri Belaïd représente une étape charnière dans le processus de mutation démocratique", appelant à "accélérer l'action permettant à la Tunisie d'éviter de nombreux risques".
e secrétaire général adjoint d'Al-Watad -Parti des Patriotes Démocrates Unifié- Mohamed Jmour a annoncé quant à lui, que son parti apportera tout son soutien et sa coopération au comité de défense dans la gestion du dossier à l'échelle nationale et internationale.
Il a également mis en exergue "la responsabilité politique et morale du gouvernement dans l'assassinat de Chokri Belaïd".
"Al-Watad, qui n'a pas confiance dans le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice, du fait qu'ils sont dirigés par des personnalités politiques partisanes, organisera, tous les mercredis, en coordination avec le Front populaire, un sit-in devant le ministère de l'Intérieur", a annoncé Mohamed Jmour.
De son côté, Abdelmajid Belaïd, frère de Chokri Belaïd, a accusé le mouvement Ennahdha d'être derrière l'assassinat de son frère, précisant que "Chokri était assez clair concernant les menaces qu'il avait reçues".
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