Fournitures scolaires: Une rentrée pesante sur le budget familial

Tap -
(Semia Boukhatem et Jamel Romdhane)
Le tunisien vit à l'heure de la rentrée scolaire 2012-2013 après avoir subi les dépenses du mois de Ramadan et de l'Aid.
Le tunisien vit à l'heure de la rentrée scolaire 2012-2013 après avoir subi les dépenses du mois de Ramadan et de l'Aid.
Les parents s'activent, que cela soit dans les librairies ou les marchés parallèles de la capitale (Tunis), à l'achat de fournitures scolaires pour leurs enfants, selon les choix et la diversité des produits exposés, certains de qualité et d'autres d'origine inconnue, se plaignant toutefois de la cherté des prix.
Cependant, les responsables au ministère du Commerce assurent que les prix des cahiers subventionnés ainsi que des manuels et des livres scolaires restent inchangés, cette année.
Pour Ezzeddine El Abidi, accompagné de ses deux enfants, élèves du primaire, «l'achat des fournitures scolaires est inévitable », mais il essaye d'acquérir tout ce qui est nécessaire sans trop dépenser, d'où son recours aux marchés parallèles. L'important pour lui « c'est que ses enfants soient sur les bancs de l'école, le premier jour de la rentrée, munis de toutes les fournitures ». Il n'accorde pas d'importance à leur qualité ou aux effets nocifs sur leur santé.
Il considère que le marché parallèle offre plusieurs choix, avançant qu'il n'est pas le seul à y avoir recours puisque « tout le monde parle d'une réduction pouvant atteindre plus de 40% par rapport aux librairies ».
Après les dépenses du mois de Ramadan et de l'Aïd, Sondes, mère de trois élèves (primaire et collège) s'est tournée vers le marché parallèle pour comprimer les coûts étant donné que les fournitures disponibles dans les librairies « ne sont pas à la portée des personnes à faible et moyen revenus ».

Sondes indique qu'elle ne cherche pas la qualité des fournitures scolaires et que « le prix est primordial pour la séduction des clients ». A titre d'exemple, a-t-elle ajouté, le prix du cahier de 400 pages s'élève à 5 dinars sur le marché parallèle mais ne coûte pas moins de huit dinars dans les librairies.
Mohamed Tahar, père de Ghada (élève en deuxième année primaire), n'achète les fournitures scolaires que dans les points de vente agréés, pour une meilleure compression des coûts et de peur des effets nocifs sur la santé de certains produits, tels que la pâte à modeler, la craie, les crayons de couleur et autres, préférant ainsi préserver la santé de sa fille que diminuer le coût des effets scolaires.
Néjia, mère de deux enfants, élèves du primaire, partage le même avis, précisant que la moyenne de la durée de vie d'un stylo acheté de la librairie, est quatre fois supérieure à celui vendu sur le marché parallèle.
Ainsi et à son avis, le prix d'un stylo de bonne qualité est inférieur au total du prix des stylos de qualité moindre et que le parent est obligé d'acquérir tout au long de l'année scolaire des points de vente non organisés.
Mohamed Tahar commente en disant:Il faut sensibiliser le parent au fait que les fournitures scolaires acquises auprès du marché parallèle ont une courte durée de vie.
Ainsi un cartable de bonne qualité peut durer deux années scolaires et son coût varie entre 30 et 70 dinars alors que le parent se voit obligé d'acheter cinq cartables par an des marchés parallèles et dont le prix total pourrait atteindre 75 dinars.
Les marchés parallèles font stagner les ventes des librairies
Contrairement à l'encombrement enregistré dans les marchés parallèles, le mouvement est au ralenti dans les librairies.
Pour Ridha Esseghair, agent de librairie, le citoyen n'accorde plus d'intérêt à la qualité des fournitures scolaires. « Toute son attention est focalisée sur les prix », précise-t-il. « Le désordre qui caractérise les marchés parallèles a porté préjudice à la profession », indique-t-il.
Ainsi, dans le passé, les recettes de la libraire, dans laquelle il travaille depuis 20 ans, s'élevaient à environ 2000 dinars par jour, pendant la rentrée scolaire, rappelle-t- il, ajoutant que des agents de la sécurité organisaient l'accès à la librairie.
Pour Ridha, le citoyen assume une part de responsabilité aux cotés des ministères du commerce et de l'intérieur, quant à la propagation de la vente des fournitures scolaires dans les marchés parallèles. « Le citoyen, dit-il, est conscient des effets néfastes que pourraient engendrer les fournitures vendues sur le marché parallèle en raison de l'absence de qualité, mais ils continuent à s'en approvisionner avançant sa volonté de réduire les dépenses sans se soucier de porter préjudicie à l'économie nationale et aux sources de revenus des libraires ». Ceci étant, certains citoyens ne s'approvisionnent en fournitures scolaires qu'auprès de leurs librairies habituelles et tiennent à vérifier la qualité des produits qu'ils cherchent à acquérir, tient -t-il à préciser.
Avis et directives de l'administration
Du côté du ministère du Commerce, M.Mohamed Chokri Derouiche, directeur général de la Concurrence et des enquêtes économiques, a affirmé que « mis à part les livres et les cahiers subventionnés, le prix du reste des fournitures scolaires est libre et ne dépend que de la règle de l'offre et de la demande».
Et de préciser, dans un entretien à la TAP, que le marché englobe une large fourchette de choix, avec des prix et des qualités qui diffèrent d'un produit à l'autre, et « c'est au citoyen de choisir le produit qu'il lui sied ».
Le consommateur est appelé, ainsi, selon M.Derouiche, à faire preuve d'un esprit de responsabilité, en recourant à des produits qui répondent à son besoin et qui s'adaptent à son pouvoir d'achat.
« Il faut être toujours modéré, en veillant à écarter les articles coûteux et à ne pas tomber dans l'achat de produits exposés dans le commerce parallèle » », a-t-il signalé, indiquant que ces articles proviennent des marchés asiatiques et son généralement de qualité médiocre.
Dans le même contexte, il a indiqué qu'une campagne de sensibilisation sera lancée, en vue d'exhorter les enseignants à ne pas orienter les choix des élèves et des étudiants en exigeant des fournitures de luxe, dont les prix sont onéreux.
Le responsable a fait savoir, aussi, que la Chambre nationale des librairies a invité ses adhérents à adopter des réductions à hauteur de 5%, à l'occasion de la rentrée scolaire.
De son côté, Mme Houyem Bali, directrice de la concurrence et des prix, a fait savoir que le prix de vente au public des cahiers subventionnés n'a pas changé depuis la rentrée 2009/2010.
Il se situe au niveau de 180 millimes pour le cahier n° 12, de 330 millimes pour le cahier n° 24, de 730 millimes pour le cahier n° 48 et de 1 070 millimes pour le cahier n° 72.
M.Belgacem Lassoued, président directeur général du Centre National Pédagogique (CNP), a noté qu'au total, 18 millions de cahiers subventionnés ont été fournis, jusque-là, sur un total de 20 millions prévus, le reste sera disponible avant le 17 septembre. « On prévoit, aussi, la publication de 10 autres millions de cahiers durant le mois d'octobre», a indiqué le responsable.
Selon M.Lassoued, cette quantité de cahiers, dont la valeur de la subvention est estimée à 4,5 millions de dinars (MD), est largement suffisante, pour satisfaire le besoin de la population d'élèves et d'étudiants, dont le nombre s'élève à 2 millions, mais le problème se situe au niveau des enseignants qui exigent des articles scolaires d'une qualité supérieure.
Par ailleurs, le responsable a rappelé que la commercialisation des manuels, pour la rentrée 2012-2013, concerne des lots de livres variant entre 3 et 13 titres pour l'enseignement de base, moyennant un prix allant de 6,600 dinars à 39,850 dinars.
Les prix de vente des livres pour l'enseignement secondaire varient entre 29,550dt et 50,800dt selon les niveaux et selon les sections.
La direction du commerce extérieur a fait savoir, de son côté, qu'au titre de cette rentrée scolaire, la valeur de l'importation des articles scolaires (gommes, couvertures en matière plastique, serviettes, cartables, cahiers scolaires, stylos, crayons, ardoises…) dépasse les 9 MD.
Le vice-président de l'Organisation de défense de consommateurs (ODC), M.Slim Saadallah, a indiqué, quant à lui, que les commerces parallèles exposent, parfois, des articles tunisiens à des prix qui dépassent ceux affichés dans les grandes surfaces ou dans les librairies. En dépit de cela le consommateur ne s'abstient pas. Il a fait savoir, en outre, que l'ODC lancera, prochainement, une campagne de collecte de livres et de cahiers, qui seront, par la suite, distribués aux familles les plus nécessiteuses.
Côté inspection, M.Abdelkader Timoui, directeur des enquêtes économiques, a fait savoir que des équipes ont été mobilisées dans tout le pays pour contrôler la qualité des produits scolaires et les circuits de distribution, tout en veillant à ce que le cahier subventionné soit disponible en quantités suffisantes dans les différentes librairies. «Les infractions enregistrées, jusque-là, concernent, surtout, le non-affichage des prix et la facturation ».
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