Les statistiques odieuses de l’Ambassadeur de France en Tunisie: leurres, faux et usage de faux !
Asef Ben Ammar
Hier et une fois de plus, l’Ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre-D’Arvor (OPA) se permettait un recours abusif aux statistiques pour justifier et promouvoir la présence salvatrice et la contribution protectrice de la France en Tunisie.
Hier et une fois de plus, l’Ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre-D’Arvor (OPA) se permettait un recours abusif aux statistiques pour justifier et promouvoir la présence salvatrice et la contribution protectrice de la France en Tunisie.
Littéraire de formation, journaliste par contamination, hyperactif par tempérament et diplomate par accident, OPA se permet de plus en plus de liberté, quant à l’usage des statistiques économiques pour des fins politiques et des manipulations peu éthiques en Tunisie.

Depuis sa nomination en Tunisie, il y a 6 mois, il sillonne la Tunisie en terrain conquis, envahit les plateaux de télévision en prosélyte convaincu et s’implique sans vergogne, et de plus en plus dans les débats économiques et les controverses liées, dans un contexte tendu par les pressions du FMI et leurs méfaits sur une Tunisie en difficulté économique.

En principe, la diplomatie crédible, son tact civilisé et son sens respectueux des valeurs du pays d’accueil ne doivent pas concourir à ajouter de l’huile sur le feu ! OPA, en tant que diplomate, n’a pas ces tacts, ce sens des valeurs et ces fondamentaux moraux et éthiques.
Ironie de l’histoire, OPA est pourtant un diplomate représentant un pays se plaçant de facto dans le concert des cinq pays disposant d’un droit de véto à l’Organisation des Nations Unies. OPA représente aussi un pays influant dans les girons du FMI qui monte de plus en plus la pression sur la Tunisie, comme jamais au paravent ! OPA ne dit rien et ne fait rien à ce sujet.
Beaucoup d’intellectuels tunisiens se demandaient pourquoi leur gouvernement acceptait si facilement les lettres d’accréditation d’ambassadeurs aussi maladroits et si peu avertis des prémices basiques de la diplomatie moderne et du 21e siècle.
Pour les lecteurs de cette chronique, je me permets de relever cinq aberrations statistiques graves, qu’OPA a diffusées sur la place publique récemment, sans se faire interpeller pour faux et usage de faux dans l’exercice de ses fonctions en plein cœur de Tunis (par des journalises honnêtes, des partis politiques ou encore des citoyens avertis).

Conquérant «blanc» pour «sauver la vie de 30 000 concitoyens»
La première aberration remonte à son arrivée triomphaliste et mise en scène par mer (bateau), il y a six mois ! Il s’annonçait de la trompe de Jule Ferry et autres colons notoires français, affichant un mandat visant à protéger les Français vivant en Tunisie. Le message était choquant, l’image vulgaire, mais finalement «absorbable» par le commun des citoyens. OPA avait parlé à demi-mot de 30000 Français et Françaises, vivant en Tunisie et qui attendaient sa bravoure protectrice et son implication salvatrice. Or, quelques jours après, on découvrait que plus de 15 000 de cette population sont des binationaux ; Tunisiens d’abord et multinationaux ensuite. La marge d’erreur statistique était de 50%. Les Tunisiens et les Tunisiennes binationaux n’en voulaient pas d’une telle intrusion, vulgarité et atteinte à leur identité et leur dignité, par un tel ambassadeur !
OPA comme généreux prestataire de visa pour la France
Lors d’une de ses rencontres télévisées, qu’il affectionnait tant, il avance que le taux de refus des visas octroyés aux Tunisiens et Tunisiennes ne dépassait pas les 6% des demandes de visas déposées, et que les Tunisiens et Tunisiennes sont privilégiés dans leur admissibilité en France «mère-patrie» ! Les statistiques avancées par OPA sont simplement controuvées : pour l’année 2016, les visas octroyés par la France aux Tunisiens et Tunisiennes avoisinaient les 116 000, sur un nombre total de 3,2 millions de visas délivrés par la France à travers le monde, soit moins de 3 % du total. Les Tunisiens et Tunisiennes ne sont pas dupes, et ils savent que les statistiques d’OPA sont aberrantes, et que plus de 30% des demandes de visas pour regroupement familial sont simplement refusées pour motifs non avoués par OPA et les gestionnaires dans son ambassade.
Le retour en grand nombre des touristes français!
Récemment, et relativement à un évènement promotionnel, à venir sur l’Ile de Jerba, OPA se permet de se faire inviter en salvateur et en annonçant que «Jerba invite la France» ; ajoutant que 600 000 Français et Françaises passeront cet été leurs vacances en Tunisie. Encore une fois, des statistiques tirées par les cheveux ! Sur ces effectifs annoncés, plus des trois quarts sont des Tunisiens et Tunisiennes ayant la nationalité française et ne font que revenir chez eux, comme par le passé, voire même plus souvent pour appuyer l’économie et pour profiter des promotions liées à la dévaluation continue du dinar. C’est juste grotesque et irrespectueux de l’intelligence collective des Tunisiennes et Tunisiens.
L’odieux quant aux 130 entreprises françaises et leurs 120000 emplois
Pas plus tard qu’hier, le 16 mars, OPA remâche la statistique voulant nous convaincre que la France a délégué 13000 entreprises françaises pour créer plus de 120 000 emplois en Tunisie. Il s’agit vraiment de la pire fabulation qu’un représentant d’un gouvernement étranger puisse oser dire sans rougir en grand public !
L’examen de ces statistiques révèle que les participations françaises à cet effectif d’entreprises sont plutôt liées à la double nationalité du propriétaire (gérant d’un kiosque d’essence Total, magasin, épicerie, hôtel, etc.), ou à une participation française ne dépassant pas, dans la quasi-totalité des cas les 50% du capital de l’entreprise concernée. Quant aux 120 000 emplois déclarés par OPA, on ne peut que s’inquiéter de la perception d’OPA et de sa capacité à distinguer entre statistiques, leurres, mensonges et données aberrantes (outliers).
Rien sur les statistiques des Tunisiens libérateurs de Paris en 1944… et leurs veuves encore vivantes en Tunisie
Cela dit, OPA est silencieux et ne veut pas parler des veuves, enfants et petits enfants victimes de la colonisation. Il n’ose même pas évoquer le sujet lors de ses visites en Tunisie, et surtout dans le Sud de la Tunisie. Alors qu’il visite tout le territoire tunisien pour prodiguer les services de la France, il n’ose pas rendre visite et procurer une aide humaine vitale à des veuves en fin de vie et familles qui ont contribué par un mari, un père ou un fils, dans la campagne de libération de Paris des jougs de l’envahisseur allemand, lors de la Deuxième Guerre mondiale (25 aout 1944).
Asef Ben Ammar, Ph. D.
Analyste en économie politique





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