Tunisie: Retrait du mandat d'amener contre l'universitaire Raja Ben Slama

Tap -
Le mandat d'amener contre l'universitaire Raja Ben Slama a été retiré jeudi, jour où elle devait comparaître devant la justice pour « propos diffamatoires » à l'encontre de l'élu du Mouvement Ennahdha à l'Assemblée nationale constituante et rapporteur général de la Constitution Habib Khedher.
Le juge d'instruction a fixé une audience pour le 5 avril prochain, a déclaré Me Abada kefi, avocat de la défense.

Le juge d'instruction a fixé une audience pour le 5 avril prochain, a déclaré Me Abada kefi, avocat de la défense.
Plusieurs universitaires, syndicalistes et étudiants, rassemblés jeudi matin devant le tribunal de première instance de Tunis ont exprimé leur attachement aux libertés académiques et d'expression. « Ils ont émis un mandat d'amener contre moi, tout simplement parce que j'ai critiqué en octobre dernier l'attitude du rapporteur général. Ce dernier s'est donné le droit de modifier l'article 26 du projet de la constitution relatif aux libertés d'expression et d'information, et ce, après son adoption par la commission des droits et des libertés avec 11 voix contre 10, en y introduisant des conditions », explique l'universitaire Raja Ben Slama à l'Agence TAP. Et d'ajouter «Les constituants ont voté un article qui consacre bien les libertés et cette modification est venue le vider de son contenu et l'a rendu liberticide», a-t-elle dénoncé soulignant que ses critiques ont été, d'ailleurs confortées par la réaction de certains constituants qui eux- mêmes ont protesté contre le changement de la première version de l'article en question.
Prenant part à ce mouvement de soutien à l'universitaire Ben Slama, le secrétaire général de la fédération de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique Houcine Boujarra, s'est dit étonné de voir les détenteurs du pouvoir public recourir à la justice au lieu de dialoguer.
"Cette action cible non seulement Raja Ben Slama mais aussi tous les universitaires et plus particulièrement, ceux de la faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, qui est depuis l'année dernière le théâtre de plusieurs évènements portant atteinte aux libertés académiques et syndicales en particulier".
De son côté, le coordinateur de l'observatoire des libertés académiques des universitaires tunisiens Sami Aouadi, estime que la liberté d'expression fait partie intégrante des libertés académiques qui, selon lui, sont indispensables à l'exercice du métier d'enseignant chercheur.
Aouadi déplore « le silence douteux » des autorités face à la multiplication des atteintes aux libertés académiques et d'expression ». «Ces cas d'atteinte prennent, aujourd'hui, plusieurs formes allant de l'intervention dans la conception pédagogique des cours jusqu'à imposer le port du niqab pendant les examens et interdire aux collègues d'effectuer des recherches sur le terrain. Il a rappelé que cette affaire est la deuxième du genre après « le préjudice indu » contre le doyen de la faculté des lettres de la Manouba Habib Kazdaghli.
«Raja Ben Slama a été convoquée par la justice rien que parce qu'elle a exprimé son opinion au sujet d'une procédure à l'Assemblée, est ce une raison pour émettre un mandat d'amener contre elle ?» s'indigne de son coté le secrétaire général de l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaires, Habib Mellakh.
En novembre dernier, Habib Khedher avait intenté une action en justice pour « diffamation » contre Raja Ben Slama, suite à ses déclarations sur un plateau d'Hannibal TV, dans lesquelles elle l'accuse d'avoir « modifié illégalement un article clé (article 26) du projet de Constitution, relatif aux libertés d'expression et d'information ».
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