Tunisie : Tataouine et ses ondes de choc sur l’establishment politique!

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Asef Ben Ammar (*)

Tout porte à croire que les graves incidents de Tataouine ont créé une sérieuse brèche dans l'unité de façade du gouvernement Chahed. Depuis ces incidents, les discours et communiqués des partis se suivent et ne se ressemblent pas. Certains partis tentent de se rattraper et de courir derrière les événements en déléguant à toute bringue des représentants pour assister aux funérailles d'enterrement à Bir Lahmar, du jeune manifestant écrasé par une voiture de gendarmerie fonçant sur la foule des manifestants encerclant la station de pompage du pétrole au Kamour.

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Les efforts de rattrapage et de récupération causent déjà des maux de tête pour les Chefs de partis concernés, engendrant aussi de sérieuses tensions entre les partis et sensibilités politiques représentés au sein de la coalition gouvernementale. Les ondes de choc des incidents de Tataouine vont se faire sentir fortement dans les débats politiques au point d’ébranler la longévité du gouvernement Chahed.

Virage à 180* dans le discours et dans les intentions des parias!

Le rattrapage partisan des événements de Tataouine a commencé déjà avec la forte présence de députés et élites politiques à la manifestation ayant sillonné lundi la principale artère de Tunis, en soutien aux manifestants et aux populations du Sud tunisien, meurtri par la violence policière et la tournure des événements.



Plusieurs députés et élites politiques ont tenu des propos, relayés par les médias, condamnant le recours à la force par le gouvernement, alors que la veille, ils affichaient leur détermination et total soutien à une intervention musclée afin de déloger les manifestants du Kamour.


À titre d'exemple, les propos exprimés par Ali Laraied, dimanche avant les événements, sont quasiment rabroués par les termes du communiqué signé lundi par Ganouchi. Impressionnant changement de tonalité et curieuse ambiguïté au sein du parti Ennahda. La crise de Tataouine ravive aussi les dissensions entre les clivages du Nida. Ici aussi ceux qui étaient pour l’intervention armée le dimanche se sont montrés opposés le lundi.

Le même calcul partisan et la même hypocrisie politique se font remarquer chez plusieurs autres forces politiques assoiffées par le pouvoir et la visibilité médiatique. Les responsables de l’Ugtt adoptent la même posture, avec un discours zébré, entre ce qui est dit le dimanche et ce qui est dit le lundi, après la mort d’un manifestant et l’hospitalisation d’une cinquantaine de manifestants à



L'implosion de la feuille de route de Carthage

Avec l'accélération des événements de contestation et la généralisation pressentie de la pression sociale sur la classe politique, les élites politiques risquent gros avec leurs bases, de plus en plus en colère, et les accusant parfois de complicité avec le gouvernement Echahed, dans ce violent coup de force au Kamour. Pour s'ajuster et limiter la casse certains élus, notamment ceux d'Ennahda risquent de durcir le ton et finir par se démarquer de la ligne politique de leur parti.

L'Ugtt vivra la même pression, et risque ainsi de claquer précipitamment la porte du gouvernement Echahed.

La feuille de route ayant cimenté le socle de la coalition du gouvernement d'union nationale risque de s'envoler rapidement, emportée par le sirocco (vent chaud du Sahara) de Tataouine et du Kamour.



Essebsi affaibli et discrédité !

Quant au Chef de l'État, le bilan n'est pas glorieux! Les réseaux sociaux sont déchaînés contre sa faute originelle, celle décrétant le recours aux forces armées et aux méthodes violentes pour régler les contestations sociales de Tataouine et le sit-in au Kamour.

Sans doute, le président et ses condisciples laisseront des plumes dans la crise de Tataouine. La popularité du président est en chute libre dans l'opinion publique et dans les baromètres des réseaux sociaux. Il faut dire que le président se trouve à sa deuxième grande gaffe, en quelques semaines seulement, après celle voulant forcer le passage en force de son projet de réconciliation basée sur l'impunité et le blanchiment de la corruption.


Tout porte à croire qu’il est capable d'en faire d'autres erreurs de jugement, tellement le contexte est tendu et tellement il est mal conseillé. Parions que le proverbe «jamais deux sans trois!» ne se vérifiera pas dans ce cas!

Tout indique que le temps est désormais compté pour le gouvernement Echahed! La feuille de route se craquelle et fait craquer avec elle la coalition constitutive du gouvernement actuel.


Pour renverser la vapeur, Echahed sera certainement tenté par un profond remaniement ministériel, dans les plus brefs délais. Par contre, il n’est pas exclu que ce nouveau gouvernement soit réduit et plutôt limité en termes de représentativité des partis politiques.


Pour ce remaniement, on dira que plus tôt il sera décidé, le mieux c’est pour la Tunisie. La Tunisie n’a pas besoin d’autres incertitudes et d’autres «trous d’air», surtout que l'économie tunisienne est déjà très mal au point. Les ondes de choc politiques de la crise de Tataouine risquent de creuser les déficits économiques et d’obscurcir encore plus les horizons sociopolitiques.


On ne peut pas dire que les événements de Tataouine vont être de tout repos pour la gouvernance politique du pays et pour une préparation efficace des élections municipales prévues dans six mois.



La planche de salut réside dans la réanimation de la confiance et dans l'initiation de véritables réformes urgentes et courageuses. La lutte à la corruption, en tête de liste!

Asef Ben Ammar
Analyste en économie politique



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